« Il faut y croire. Toujours. »

Amputée d’une jambe, Magali Comte est une championne du tir à l’arc. Elle participera en septembre aux Jeux paralympiques de Londres.

Témoignage de Magali, amputée d'une jambe, championne de tir à l'arc à Genève aux HUGSous la pluie, dans le vent, le froid hivernal ou sous un soleil de plomb, les flèches de Magali Comte atteignent le coeur de la cible. « La neige ou la grêle sont des accidents. Il faut faire avec. Adapter l’angle de visée, la prise de la corde ou la tension de l’arc », philosophe la numéro un au classement mondial du tir à l’arc féminin, catégorie handicap.

Et les accidents de parcours, Magali Comte connaît. A 18 ans, lors d’une randonnée à moto, un chauffard lui arrache le genou gauche. Hospitalisée en soins intensifs, elle  garde l’espoir de sauver sa jambe. Puis la gangrène s’en mêle. Il faut amputer. Au terme de ce combat, il lui restera juste assez de sa jambe pour y fixer une prothèse.

Destination Californie « Cela a été dur au début. Puis je me suis dit : c’est ton destin. Il faut faire avec. J’ai un caractère assez fort », sourit-elle. Les choses se corsent pour la  Neuchâteloise une dizaine d’années plus tard. Une longue période de chômage dans les années 90. En 1998, elle quitte tout. Destination : la Californie, avec en poche deux mots d’anglais : yes et no.

« Là-bas, j’ai appris l’indépendance, loin de ma famille et de mes amis. A mon retour en Suisse, je touchais à nouveau les allocations de chômage. Une année plus tard en 1999, j’ai décroché une place de dessinatrice en génie civil à Genève », se souvient Magali.

Une fois de plus, elle doit se réinventer. Elle était sportive, elle découvre le tir à l’arc. « Cette discipline requiert force physique et mentale. Pour les Jeux paralympiques, je me prépare avec un entraîneur mental. Nous travaillons la confiance, l’estime de soi », lâche-t-elle.

La compétition de haut niveau, c’est dur. Même sans handicap. Avec, c’est pire. A 45 ans, Magali en est à sa deuxième opération de la hanche valide. « Forcément. Je suis amputée depuis 27 ans, je sollicite énormément mon seul membre valide.»

La douleur, les béquilles, rien ne l’arrête : « Certains handicapés se renferment, ne sortent plus, ne bougent plus. Une fois, un ami m’a dit : Je suis assis sur cette chaise avec une jambe coupée. Je ne me relèverai jamais ».

Pour les autres, ce n’est pas la philosophie de Magali. Elle s’entraîne entre 12 et 15 heures par semaine. Ne rentre jamais avant 20 ou 21 heures. Et les résultats suivent :  championne d’Europe en 2006, 3e en 2010 et médaillée de bronze aux championnats du monde en 2011. « Vous savez, confie Magali, me mettre en avant n’est pas dans ma nature. J’ai dû me faire violence pour témoigner dans votre journal. Mon entourage m’a encouragée. ‹Fais-le pour les autres handicapés›, m’a-ton dit. J’espère que cet article aidera des patients ou des handicapés à prendre le dessus. Il faut y croire. Toujours. »

Dernière mise à jour : 16/07/2021