FAQ relatives au déroulement de l'essai clinique

Pour les journalistes : 
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Christiane Eberhardt
Docteure
Christiane Eberhardt
Cheffe de centre

11. Comment les volontaires sont-ils sélectionnés?

Dr Alain Matthey, médecin au Centre de Recherche Clinique des HUG : «Etant donné l'urgence, nous allons traiter les demandes des volontaires dans l'ordre d'arrivée. Il faut bien entendu que les volontaires satisfassent aux exigences du protocole: 18 ans minimum, une bonne santé, etc. Priorité est donnée chaque semaine à ceux qui ont prévu un déplacement dans les régions où sévit actuellement l’épidémie.»
 
Prof. Bernard Hirschel, président de la Commission cantonale de l'éthique de la recherche (Genève) : «Pour le choix des volontaires, il est important que les premières personnes potentiellement protégées contre le virus Ebola soient celles qui vont partir en Afrique de l'Ouest pour contrer l'épidémie.»
 
Prof. Claire-Anne Siegrist, cheffe du centre de vaccinologie des Hôpitaux universitaires de Genève : «L'essai clinique de phase I se déroulera sur une centaine de volontaires qui seront vus une dizaine de fois chacun: cela fait un millier de visites médicales! Pour la phase II, à savoir le déploiement et essai du vaccin sur le terrain de l'épidémie, ce sont d'autres équipes scientifiques qui travailleront. Nous leur fournirons bien sûr toutes nos données cliniques.»

12. A quel rythme se feront les vaccinations?

Si assez de volontaires s’annoncent dès le début, 15 volontaires pourront être vaccinés chaque semaine. La période de vaccination s'étale donc sur 7-8 semaines environ. L’essai clinique ayant été interrompu entre le 10 décembre et le 4 janvier, les derniers volontaires seront vaccinés fin janvier 2015.

13. Quand (et comment) connaîtra-t-on l'efficacité du vaccin VSV-ZEBOV ?

Pour savoir si le vaccin protège vraiment contre le virus Ebola, il faudra étudier dans quelle mesure les personnes vaccinées qui sont exposée au virus sur les lieux de l’épidémie résistent à l’infection.
En attendant, cet essai clinique vise à établir deux choses importantes:
1) les effets secondaires provoqués par la vaccination: on ne s’attend pas à ce que le vaccin provoque des effets secondaires graves qui mettraient en danger les personnes vaccinées, mais il est important de savoir combien de vaccinés vont faire de la fièvre ou avoir un état grippal, et pendant combien de temps après la vaccination. Cette information sera très utile pour distinguer ce qui est dû au vaccin – ou non ;
2) l’importance et la durée de la réponse immunitaire des volontaires: on s’attend à ce qu’ils produisent des anticorps contre le virus Ebola. Et on espère que ces anticorps les protégeront lorsqu’ils seront exposés. 

Aujourd’hui, on ne sait pas quelle est la meilleure dose de vaccin VSV-ZEBOV à injecter. Quelle dose est la mieux tolérée? Quelle dose est la plus efficace? Le déterminer est justement l’objectif principal de cet essai clinique.

14. Si les résultats sont concluants, faudra-t-il encore d'autres études cliniques avant de vacciner massivement la population?

Il faudra procéder par étapes. Les essais cliniques de phase I avec le vaccin VSV-ZEBOV vont se dérouler aux HUG, mais également aux Etats-Unis, en Allemagne, au Gabon et au Kenya, sur environ 250 volontaires au total. L'essai mené aux HUG sera donc celui qui impliquera le plus grand nombre de volontaires (115). L'OMS prévoit ensuite des essais cliniques de phase II et III, en partie directement dans les zones touchées par l’épidémie, pour récolter des données de sécurité vaccinale sur des milliers de personnes, et aussi – il faut l’espérer – pour protéger le personnel médical qui est le plus exposé à l’épidémie.

15. De combien de temps ont été raccourcis les délais par rapport à l’étude d’un vaccin conventionnel?

L'ambition est d'accomplir en quelques mois ce qui normalement prend entre 2 et 4 années, tout en respectant les standards internationaux en matière de qualité et de sécurité.
 
Prof. Claire-Anne Siegrist, cheffe du centre de vaccinologie des Hôpitaux universitaires de Genève : «Notre protocole de vaccination comporte 250 pages et constitue un dossier solide. En temps normal, il aurait fallu une année pour l'établir. On l'a fait en un mois, avec une dizaine de collaborateurs, en travaillant jour et nuit.»
 
Prof. Bernard Hirschel, président de la Commission cantonale de l'éthique de la recherche (Genève) : «Dès réception du protocole de recherche par la Commission d'éthique, la loi nous donne 30 jours pour statuer sur un essai clinique de ce type. Etant donné l'urgence de la situation, une séance spéciale a été agendée. La décision n'a pris que 3 jours.»

16. Combien de volontaires recevront un placebo?

Ce nombre va varier en fonction du profil des volontaires: le placebo ne sera pas administré à des personnes qui savent déjà qu'elles vont se rendre dans des régions affectées par l'épidémie.
 
Prof. Claire-Anne Siegrist, cheffe du centre de vaccinologie des Hôpitaux universitaires de Genève : «Plusieurs collègues très proches se sont portés volontaires pour les essais de vaccination. Il y a un sentiment très fort de pouvoir faire quelque chose pour nos collègues qui sont en première ligne face à l'épidémie, et qui sont confrontés à des situations très difficiles.»

17. Ce vaccin a-t-il déjà été administré à d'autres personnes?

En 2009, une personne travaillant en laboratoire s’est piquée accidentellement avec une seringue contenant le virus Ebola, et a reçu une injection d’une version préliminaire du vaccin VSV-ZEBOV pour contrer une éventuelle infection. Elle n’a pas développé la maladie Ebola, mais on ignore si c’est grâce au vaccin ou si la dose de virus qu’elle avait reçue était trop faible.
 
Deux essais cliniques de phase I, sur 39 volontaires chacun, ont débuté en octobre 2014 à l'hôpital militaire Walter Reed Army Institute of Research (USA) et au NIAID-National Institute of Allergy and Infectious Diseases (USA). Les résultats définitifs de ces essais ne sont pas encore connus (c’est aussi le Canada qui a fourni gratuitement les doses de vaccin pour réaliser ce premier essai), mais à ce stade aucun effet secondaire grave n’a été observé.

18. Que sait-on déjà à propos du vaccin VSV-ZEBOV ?

Prof. Jules Desmeules, responsable de l'Unité d'investigation clinique du Centre de recherche clinique des HUG : «Le fabricant du vaccin a fourni toutes les informations à sa disposition concernant les données précliniques, sur la toxicologie du vaccin notamment. Aucune toxicité n'a été observée sur les organes des animaux qui ont reçu le vaccin. A priori, les effets secondaires potentiels du vaccin VSV sont mineurs. Au pire, on s'attend à ce que les volontaires aient un peu de fièvre pendant un maximum de 2 jours. Mais je dirais presque que c'est "ce que l'on attend", parce qu'en vaccinant, on cherche à provoquer le système immunitaire: une légère fièvre peut être un bon indicateur. De plus, ce vaccin sera sans adjuvant: le risque de réaction allergique est réduit. Mais de toutes façons, le CRC est équipé pour la réanimation et coordonne tous ses essais de phase I avec le Service des soins intensifs des HUG dirigé par le Prof. Jérôme Pugin.»
 
Prof. Claire-Anne Siegrist, cheffe du centre de vaccinologie des Hôpitaux universitaires de Genève : «Il n'y a aucune raison de se lancer dans un tel essai clinique, sans qu'on soit intimement convaincu que le vaccin puisse s'avérer efficace et sûr.»
 
Prof. Bernard Hirschel, président de la Commission cantonale de l'éthique de la recherche (Genève) et spécialiste du VIH (sida) : «Les exigences éthiques pour les études cliniques sur les vaccins sont très élevées, parce qu'on vaccine des gens qui se portent bien. Et on ne peut pas accepter qu'une étude mette en danger une personne en bonne santé.»

19. Les HUG sont-ils en contact avec les autres équipes qui testent ce vaccin?

Oui. Les essais du vaccin VSV-ZEBOV sont coordonnés par l’OMS. Et un consortium réunissant les investigateurs principaux des 4 centres cliniques (Genève, Hamburg, Lambaréné, Kilifi) a été créé. Ces investigateurs ont mis en commun leurs protocoles et vont échanger des données et des informations tout au long des études.

Prof. Jules Desmeules, responsable de l'Unité d'investigation clinique du Centre de recherche clinique des HUG:
«Les résultats des premiers essais cliniques qui se déroulent déjà aux USA, sur 78 volontaires, devront être transmis à toutes les équipes réalisant des essais avec ce même vaccin. Il existe une convention internationale (Good Clinical Practice) qui stipule que le promoteur des essais cliniques doit être informé dans les 24h en cas d'effets négatifs graves. Les canaux d'information et les délais pour communiquer sont strictement définis.»

Prof. Claire-Anne Siegrist, cheffe du centre de vaccinologie des Hôpitaux universitaires de Genève:
«Beaucoup de personnes impliquées dans ces essais cliniques sont motivées à rassembler assez de données scientifiques pour proposer un vaccin dès le début 2015. Un aspect positif de cette course contre Ebola, c’est la mobilisation de certaines personnes qui n’hésitent pas à faire vraiment plus que ce qu’on leur demande et sont prêtes à partager des informations au lieu de les garder pour elles.»

20. Sera-t-il possible de modifier le protocole de l’essai clinique en cours de route?

Oui. Par exemple, il sera possible d’ajuster les doses de vaccin utilisées, s’il s’avère rapidement qu’une dose est trop faible, ou au contraire si elle provoque trop de réactions indésirables – telle une fièvre élevée. Chaque protocole inclut des règles précises, prévoyant de suspendre l’étude le temps d’analyser ce qui se passe, puis de décider de continuer, de modifier ou d’arrêter.
C’est d’ailleurs ce qui s’est passé : l’observation d’inflammations articulaires déclenchées par la vaccination a conduit à suspendre l’étude puis à la reprendre le 5 janvier 2015 avec une dose de 300'000 particules de vaccin au lieu de 10 ou 50 millions.

Prof. Jules Desmeules, responsable de l'Unité d'investigation clinique du Centre de recherche clinique des HUG:
«Swissmedic gère plusieurs milliers d'amendements par année sur des protocoles déjà autorisés. Il est normal qu'il existe des mécanismes pour adapter un protocole afin de garantir la sécurité des personnes participant à l'essai clinique.»

21. Les HUG ont-ils déjà réalisé ce type d'essais cliniques?

Prof. Jules Desmeules, responsable de l'Unité d'investigation clinique du Centre de recherche clinique des HUG:
«Oui, bien sûr. Cet essai était le troisième de phase I que nous avons réalisé en 2014. En 2013, le CRC a été impliqué dans de plus de 70 essais cliniques (de phases I-II-III). Cet essai clinique est très bien encadré par des équipes de professionnels et a lieu dans des conditions optimales, avec toutes les mesures nécessaires pour la sécurité des sujets de recherche.»

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Dernière mise à jour : 04/08/2022