« Un mélanome ? Ça s’enlève ! »

Diagnostiquée pour un cancer de la peau il y a dix ans, Monique a subi plusieurs interventions. Pas de quoi ternir son optimisme.

Témoignage cancer de la peau - mélanomeMonique, 71 ans, nous reçoit dans son appartement de Châtelaine. Une poignée de main franche et un large sourire. Elle respire la joie de vivre. Pourtant, son histoire médicale pourrait en dépiter plus d’un. Celle-ci débute comme beaucoup d’autres. « C’était il y a dix ans. Un ami de mon fils est venu me trouver. Il a vu un grain de beauté un peu spécial sur mon mollet et m’a dit : ‘Vous devriez le montrer’ », se souvient-elle. Elle hésite et finit par suivre son conseil. « J’ai vu un dermatologue, mais il n’a pas voulu y toucher. » Son médecin traitant, dubitatif, l’envoie aux HUG. Le verdict du spécialiste tombe cette fois comme un couperet : « Vous avez un mélanome. »

Crainte, peur, désespoir ? Non. Rien de tout ça. Il en faudrait davantage pour l’ébranler. « On va enlever tout ça et on verra », me suis-je dit. Et de poursuivre: « D’ailleurs, cela ne sert à rien d’avoir peur. On se crispe et tout devient plus difficile. Il faut avoir confiance. Et puis, un mélanome, ça ne se traite pas, ça s’enlève. » La tumeur est retirée lors d’une petite intervention locale. S’ensuivent deux opérations sous anesthésie générale, à un mois d’intervalle. Une première au niveau de l’aine pour ôter le ganglion sentinelle, qui draine la zone où se situe le grain de beauté, afin de déterminer s’il y a des cellules cancéreuses.
Une seconde – car le résultat est positif – pour enlever tous les ganglions lymphatiques de la région. « Je suis à chaque fois restée hospitalisée une semaine. Tous les soignants ont été formidables. Pas eu le temps de souffler que c’était déjà fait », garde-t-elle en souvenir.

Suivi régulier
Dès lors, elle bénéficie de contrôles réguliers pour surveiller la récidive possible du mélanome. D’abord tous les trois mois, puis tous les six mois. Le suivi comprend un examen clinique rapproché ainsi que des
scanners et échographies au niveau du thorax et de l’abdomen pour repérer des éventuelles métastases. « Heureusement, nous disposons de machines qui voient tout et on peut agir en conséquence. Deux ans plus
tard, on m’a ainsi enlevé un petit nodule sous le genou. Ensuite un second dans l’autre jambe. A chaque fois, c’était une petite intervention d’une demi-heure », relativise-t-elle. En 2008, un PET Scan identifie des métastases ganglionnaires dans le bas de l’abdomen. Pas de quoi déstabiliser Monique : « Cette nouvelle opération ? Le personnel est tellement professionnel que vous y allez sans peur. »

En 2010-2011, elle participe à un protocole de recherche de vaccination préventive contre le mélanome : une dose de vaccin par mois pendant une année. « Davantage que pour me rassurer, j’ai voulu rendre service à la science », explique-t-elle. Faut-il y voir une relation de cause à effet ? On ne sait pas. Toujours est-il qu’elle développe une réaction immunologique sous la forme de petites boules inflammatoires
proches des endroits d’injection. « On me les a enlevées », souffle-t-elle. En 2014, elle développe un vitiligo. Cette dépigmentation de la peau peut exprimer le fait que son organisme maintient au cours du temps une
immunité contre le mélanome. « Ces taches blanches ne sont pas très esthétiques, mais on ne peut rien faire et ça ne me fait pas mal », remarque la septuagénaire.

Désormais, le suivi est annuel. Monique y va avec une sérénité inébranlable. Quel regard porte-t-elle sur son parcours ? « Je garde quelques cicatrices des différentes interventions, mais n’ai pas eu de chimiothérapie
ou de rayons et je peux tout faire. » D’ailleurs, elle se réjouit d’aller, comme chaque été, deux mois au bord de la mer en Espagne. « Une heure ou deux par jour me suffisent. Bien sûr, sous un parasol et avec de la
crème solaire. »

Dernière mise à jour : 16/07/2021