« La course à pied m’a sauvé la vie »

A 58 ans, Narciso, marathonien émérite, remporte course sur course… deux ans après un infarctus du myocarde soigné aux HUG.

Témoignage infarctus course à piedPour la Faculté, la pathologie cardiovasculaire de Narciso est un mystère. Il ne fume pas, ne boit pas, mange équilibré : légumes, féculents, très peu de viande rouge. Et surtout, il court. A 58 ans, il a gagné à peu près toutes les compétitions nationales et internationales en catégorie amateur : cross, marathon, semi-marathon, course en montagne ou de l’Escalade. « C’est vrai, mais aujourd’hui, c’est chez les vétérans », soupire-t-il…

Quoiqu’il en soit, Narciso fait tout juste. Vie saine. Alimentation saine. Pas de cholestérol. Tous les voyants sont au vert. Mais, le coeur a ses raisons que la raison ignore. En novembre 2013, à la surprise générale, il
est victime d’un terrible infarctus : trois artères coronaires bouchées.

« C’était un mardi. Dimanche, j’avais couru 22 kilomètres. Lundi, encore 15. Je ne me sentais déjà pas très bien. Le lendemain, je me suis entraîné pour la Course de l’Escalade au Bout-du-Monde : quinze fois 400 mètres avec 30 secondes de pause entre chaque tour. Mais cette fois, pas de doute, mon corps réagissait mal. Je me suis rendu à une permanence. On m’a fait un électrocardiogramme. Et là, tout à coup, le médecin s’est affolé, a crié : « Bon dieu, vous faites un infarctus ! », se souvient Narciso.

Extra-terrestre
En quelques minutes, le cardiomobile débarque toutes sirènes hurlantes. Narciso sera opéré dès son arrivée aux HUG : angioplastie et triple pose de stents. L’intervention se déroule à merveille. Trois jours après, il peut rentrer chez lui. « J’ai gardé un excellent souvenir de l’hôpital. Les médecins me regardaient comme un extra-terrestre. L’un d’entre eux a dit que des comme moi, il en voit un sur mille », s’amuse-t-il. Narciso est un cas. Son hygiène de vie est difficilement compatible avec une maladie cardiovasculaire. Et l’année qui précède son infarctus, il a remporté toutes les courses auxquelles il participé… avec deux artères coronaires bouchées. « Mon cardiologue est catégorique. La course à pied m’a sauvé la vie. Grâce à mon entraînement, mon coeur s’était habitué à fonctionner avec une seule artère », affirme le marathonien.

Un jeu d’enfant
Deux semaines après l’opération, commence la rééducation. Pour Narciso, c’est un jeu d’enfant. Il règle son tapis de course sur 12 km/h. Les autres font péniblement du 5 ou du 6. Les médecins lui demandent de rester les six semaines prescrites : son excellente forme exerce une influence bénéfique sur le groupe. Un mois après, il reprend les entraînements. L’année suivante, en 2014, il emporte l’or aux 10 kilomètres de Lausanne et décroche le bronze aux Championnats suisses de cross à Zurich. En 2015, courses et médailles s’enchaînent : 10 kilomètres de Presinge (2e), Championnat suisse route (2e), Championnat suisse de cross (1er). Grâce à l’angioplastie et la pose de stents, Narciso a retrouvé le niveau d’élite qui était le sien avant son infarctus. Tout est redevenu comme avant ?
« Pas tout à fait. Je suis astreint à un contrôle médical annuel. Et surtout, avant je courrais 15 à 20 kilomètres par jour. Depuis mon opération, je n’en fais plus que 10 à 15… », sourit Narciso.

Dernière mise à jour : 15/01/2024